Tinay Palabay: “Je ne serai pas réduite au silence par la peur”

Fin 2019, des documentaristes belges se sont rendu.e.s aux Philippines pour interviewer des militant.e.s pour le climat. Cristina Palabay, alias “Tinay”, en faisait partie. Elle est la secrétaire générale de l’organisation philippine de défense des droits humains Karapatan et partenaire de Viva Salud.

S’exprimer de façon critique sur la politique du président Rodrigo Duterte a des conséquences de plus en plus lourdes. On ne compte plus les campagnes de harcèlement, menaces, arrestations, et jusqu’aux exécutions illégales. Tinay aussi a reçu à plusieurs reprises des menaces de mort en raison de son engagement. Elle en témoigne dans cette vidéo.

Travailler pour Karapatan signifie recevoir fréquemment des menaces en raison de son travail. Mais la peur ne me fera pas taire.

Tinay a commencé à militer pour les droits humains et les droits des femmes quand elle était encore aux études. Depuis 2012 elle dirige KARAPATAN. Elle a participé à d’innombrables actions d’urgence, des missions de recherche de faits et des missions humanitaires pour documenter et étudier les violations des droits humains. Dans son combat pour la justice, elle dirige aussi des actions de protestation et accompagne les victimes des violations des droits et leurs familles pour porter leur cas devant la justice.

Tinay a reçu une reconnaissance internationale pour son travail. Ainsi, elle est régulièrement invitée par des institutions telles que le Conseil des Droits Humains des Nations Unies et des groupes d’action au sein du Parlement européen. En 2019, elle a reçu une récompense de la Women Have Wings Foundation pour son courage et sa persévérance dans la lutte pour la justice sociale aux Philippines.

Sous couvert de la « guerre contre les drogues », et depuis mars 2020 également de « la guerre contre le coronavirus», le gouvernement Duterte entrave de plus en plus le travail des défenseur.e.s des droits humains et des mouvements sociaux. Le 3 juillet dernier, le président a signé une loi anti-terroriste qui permet de considérer comme terroriste toute forme de critique à l’encontre de sa politique. Cette loi ancre ainsi dans la législation philippine une pratique largement répandue : la criminalisation de l’activisme.

Les conséquences de cette loi n’ont pas tardé à se concrétiser. Le 17 août 2020, Zara Alvarez, une militante pour la santé et les droits humains chez KARAPATAN, a été assassinée de façon brutale en raison de son engagement social. Tout comme nombre d’autres défenseur.e.s des droits humains aux Philippines, son nom avait fait partie d’une liste de supposé.e.s terroristes. Mais les défenseur.e.s des droits humains et les mouvements sociaux au sein desquels ils militent ne se laissent pas faire et se sentent renforcés grâce à la solidarité internationale.

Cette témoignage fait partie du projet Sangterra, une initiative de La boîte à images asbl en partenariat avec l’association Cara de Mono.
Réalisation & images vidéo: Jean-Noël Lansival / Photos & interview: Christophe Smets / Assistant-réalisation, montage, sous-titrage: Frédéricq Bianchet
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