Partagez le vaccin, pas le virus: des concepts compliqués expliqués simplement

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Cet automne, nous continuerons de faire campagne avec nos partenaires en Palestine, à Cuba, aux Philippines et au Congo pour faire du vaccin contre le COVID-19 un bien public mondial. De nombreux pays européens peuvent se targuer d’une campagne de vaccination réussie. Mais dans d’autres parties du monde, le manque de vaccins pose de nombreux problèmes. Les chef·fe·s de gouvernement, les militant·e·s et les organisations internationales proposent différentes solutions. De nombreux termes circulent, mais que signifient-ils exactement ?

Qu’est-ce que COVAX ?

Il y a toujours eu, à travers l’histoire, des inégalités dans l’accès aux médicaments et aux vaccins en temps d’épidémies. C’est pourquoi, au début de la pandémie du Covid-19, a germé l’idée d’un mécanisme mondial de distribution équitable des vaccins et autres moyens de lutte contre le coronavirus. Ce mécanisme s’appelle l’Access to COVID-19 Tools Accelerator (ACT-A). ACT-A repose sur quatre piliers : pour les vaccins, pour le matériel de test, pour les traitements et pour les systèmes de santé. Le pilier vaccinal s’appelle COVAX. Il a pour but d’améliorer l’accès aux vaccins contre le COVID-19 dans les pays à faible revenu. COVAX vise à y vacciner 20% de la population cette année : les groupes vulnérables et le personnel soignant. Les dirigeants des pays riches disent que COVAX est la solution à la pandémie. Ils donnent de l’argent et des vaccins dans l’espoir d’accélérer la campagne mondiale de vaccination. Mais Big Pharma garde secrètes ses connaissances et les pays riches ont acheté tous les vaccins disponibles. COVAX n’atteindra donc pas son objectif. Le plus gros problème, c’est que COVAX est basé sur un principe de charité. On ne va pas bien loin avec cela. Nous avons plutôt besoin d’une approche fondée sur la solidarité mondiale et les droits humains.

Qu’est-ce que C-TAP ?

En mai 2020, à la demande du Costa Rica et de 40 autres pays, l’Organisation mondiale de la santé a lancé le Covid-19 Technology Access Pool ou C-TAP. C-TAP est une plateforme technologique qui permet aux entreprises pharmaceutiques de partager volontairement leurs connaissances, leurs technologies et leurs brevets. Cela fonctionne comme un domaine open source. Lorsque les développeurs de vaccins contre le Covid-19 partagent leur formule sur la plateforme, celle-ci devient disponible pour d’autres fabricants. Ils peuvent ainsi se mettre au travail et faire progresser la production mondiale de vaccins. Des usines au Bangladesh, en Afrique du Sud et en Norvège sont dans les starting-blocks, prêtes à fabriquer des vaccins. Mais comme les grandes sociétés pharmaceutiques ne veulent pas coopérer, beaucoup de lignes de production restent fermées. Un an et demi après le lancement de C-TAP, la plateforme est toujours complètement vide. L’industrie pharmaceutique préfère garder secrètes ses connaissances et sa technologie. C’est bon pour sa croissance et ses marges bénéficiaires, mais pas pour notre santé. C-TAP est une plateforme très importante, mais nos gouvernements doivent forcer les entreprises à partager leurs connaissances et leurs technologies. Une approche volontaire n’est pas suffisamment efficace.

Qu’est-ce que le TRIPS waiver ?

Début octobre 2020, l’Inde et l’Afrique du Sud ont soumis une proposition importante à l’Organisation mondiale du commerce : le TRIPS waiver (dérogation à l’Accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)). Les deux pays demandent que les brevets soient temporairement levés sur tous les moyens de lutte contre le coronavirus. Sur les vaccins, les traitements, le matériel de test et de protection. Actuellement, les brevets constituent un double mur entre tous ces produits et ceux qui en ont besoin. D’une part, les entreprises pharmaceutiques titulaires de brevets déterminent elles-mêmes le prix de leurs produits. D’où le prix extrêmement élevé des vaccins contre le Covid-19 par exemple, qui est bien supérieur à son coût de production. D’autre part, les brevets font obstacle à la production de masse de vaccins. Ils limitent la production à un petit nombre de fournisseurs. Ceux-ci ne sont pas en mesure de répondre à une demande mondiale et urgente. Si nous levons les brevets, nous pourrons rapidement augmenter la production mondiale. La majorité des pays dans le monde, des lauréats du prix Nobel, des scientifiques, des syndicats, les caisses d’assurance maladie, les ONG et des millions de citoyen·ne·s soutiennent la dérogation ADPIC. Pourtant, l’Union européenne et le gouvernement belge y sont farouchement opposés. Cette position est révélatrice du fait qu’ils privilégient les profits de l’industrie pharmaceutique au détriment d’une sortie rapide de la pandémie.

Que sont les licences obligatoires ?

Les opposant·e·s à la dérogation ADPIC affirment que les licences obligatoires sont la solution pour remédier à la pénurie aiguë de vaccins. Avec une licence obligatoire, le gouvernement oblige le fabricant d’un médicament breveté à laisser d’autres fabricants le produire. Comme pour la dérogation ADPIC, les brevets pourraient donc être temporairement contournés. Le problème avec les licences obligatoires est qu’elles doivent être demandées pays par pays et brevet par brevet. Or, les vaccins actuels contre le Covid-19 se composent de dizaines de brevets différents, pour chaque étape du processus de production et pour chaque composant des vaccins. La demande de licences obligatoires prend donc beaucoup trop de temps. C’est un processus juridique exténuant que nous ne pouvons pas nous permettre. La production mondiale de vaccins doit être augmentée dès maintenant.

Qu’est-ce l’initiative citoyenne européenne Pas de profit sur la Pandémie ?

Grâce à une initiative citoyenne européenne (ICE), les citoyen·ne·s peuvent soumettre collectivement une proposition législative à la Commission européenne. L’ICE Pas de Profit sur la Pandémie demande la levée des brevets sur toutes les ressources qui peuvent être mobilisées dans la lutte contre le Covid-19. Comme le propose la dérogation ADPIC. Cela implique également le partage des connaissances et des technologies pour augmenter la production mondiale de vaccins, ainsi que la transparence sur le coût de production, le prix et la distribution des vaccins. Pour ce faire, il faut remplir un certain nombre de conditions. Une ICE n’est valable que si elle recueille au moins 1 million de signatures à travers l’Europe et atteint un seuil minimum dans 7 pays. L’initiative citoyenne Pas de profit sur la Pandémie a été lancée en janvier 2020. Après une campagne de 10 mois, la coalition compte plus de 375 organisations de 21 pays. 218.000 Européens et plus de 30.000 Belges ont déjà signé l’appel. Le seuil minimum a été atteint en octobre 2021 dans deux pays. Nos efforts paient ! Les politicien·ne·s ont de plus en plus de mal à privilégier les profits des Big Pharma par rapport à notre santé.

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Signez l’initiative citoyenne Pas de profit sur la Pandémie et faites pression sur la Commission européenne !

Ce n’est pas la charité qui nous sortira de la pandémie. Nous avons besoin d’une approche axée sur les droits humains et la solidarité internationale. Souhaitez-vous en savoir plus ? Avec ces six mythes, Big Pharma et les politicien·ne·s entravent une solution à la pandémie.