PALESTINE : crimes de guerre contre les soins de santé
La situation en Palestine va de plus en plus mal. Le monde observe Israël commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les soins de santé sont particulièrement visés. Il faut arrêter au plus vite les violences et les complicités !
Les récits qui nous parviennent de Palestine ces derniers jours sont inquiétants et alarmants. Les soins de santé et les infrastructures médicales ont été particulièrement visés par la violence israélienne. Cette violence est d’une intensité sans précédent. Israël a tiré presque autant de roquettes sur Gaza en une semaine que les États-Unis en ont tiré en Afghanistan pendant toute une année.
Dans la nuit du mardi au mercredi 17 octobre, l’hôpital Ahli Arab de la ville de Gaza a été bombardé. L’attaque à la roquette a tué plus de 500 personnes et en a blessé des centaines d’autres d’un seul coup. Selon un médecin qui a survécu à l’attaque, quatre mille personnes se trouvaient dans les bâtiments. Elles espéraient trouver un abri sûr dans l’hôpital avant les tirs de roquettes israéliens sur les zones résidentielles voisines.
L’hôpital Al Awda dans le collimateur
Le réseau de santé de notre partenaire AWDA, qui compte six centres de santé et deux hôpitaux dans la bande de Gaza, a déjà perdu deux collègues en raison des bombardements israéliens incessants. Vendredi 13 octobre, AWDA a reçu un ordre d’évacuation de l’armée israélienne pour l’hôpital Al Awda à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. L’hôpital, qui a donné naissance à 81 nouveaux bébés la semaine dernière, s’est vu confier la tâche impossible de mettre tous ses patient·e·s à l’abri en quelques heures.
« Vendredi, j’ai reçu un appel de l’armée israélienne me demandant d’évacuer complètement l’hôpital. C’est tout simplement impossible. Certain·e·s patient·e·s ont été évacué·e·s. Mais d’autres personnes, dont l’état est plus grave, ne peuvent être déplacées en raison de la gravité de leur état. Avec notre équipe, nous sommes déterminé·e·s à continuer à soigner nos patient·e·s », m’a dit Ahmed Muhanna, de l’hôpital Al Awda.
L’hôpital Al Awda a joué un rôle crucial dans la fourniture de soins lors des attaques israéliennes brutales sur le nord de la bande de Gaza la semaine dernière. L’évacuation d’un hôpital de 80 lits, submergé par les victimes des bombardements israéliens en cours, est pratiquement et logistiquement impossible. Les 35 soignant·e·s d’Al Awda risquent leur vie s’iels descendent dans la rue, et les patient·e·s vulnérables pourraient perdre la vie lors d’une évacuation. De plus, les autres hôpitaux du centre et du sud de la bande de Gaza sont remplis. Et qui d’autre s’occupera des habitant·e·s laissé·e·s pour compte dans le nord de la bande de Gaza ?
Les hôpitaux de la bande de Gaza sont submergés de patient·e·s. Le personnel médical fait tout ce qu’il peut pour faire fonctionner l’hôpital au-dessus de sa capacité maximale, mais les bombardements rendent la tâche très difficile. Certain·e·s patient·e·s sont traité·e·s dans les couloirs. D’autres sont même soigné·e·s dans les rues environnantes en raison du manque de lits d’hôpitaux. En attendant, il n’y a pas d’analgésiques. Claire Magone, de Médecins Sans Frontières, rapporte que « des collègues parlent de patient·e·s qui hurlent de douleur; des blessés et des malades qui ne peuvent pas se rendre à l’hôpital; de l’agonie dont tout le monde souffre ».
Crimes de guerre contre les soins de santé
Les soins de santé palestiniens sont la cible de l’occupation israélienne depuis des décennies. Mais ces derniers jours, les attaques se sont multipliées à un rythme effréné. Non seulement dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie occupée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 111 attaques israéliennes ont été menées contre des établissements de santé palestiniens entre le 7 et le 15 octobre. Ces attaques ont tué 15 soignant·e·s, en ont blessé 33 et ont endommagé 23 ambulances. Autant de crimes de guerre.
Le 11 octobre, un bombardement israélien a tué quatre secouristes du Croissant-Rouge palestinien et un ambulancier, alors qu’Israël connaissait leur position exacte. Le Croissant-Rouge communique toujours les coordonnées de ses opérations de sauvetage à l’armée israélienne. L’attaque du personnel médical et des infrastructures médicales constitue une violation grave des conventions de Genève et du droit humanitaire international.
Les ordres d’évacuation des 23 hôpitaux du nord de la bande de Gaza constituent également une violation du droit humanitaire international. L’OMS s’est exprimée à ce sujet en des termes très clairs : « Forcer plus de 2 000 patient·e·s à se déplacer vers le sud de la bande de Gaza, où les établissements de santé fonctionnent déjà à pleine capacité et sont incapables de faire face à une augmentation spectaculaire du nombre de patient·e·s, cela revient à les condamner à mort ».
Nettoyage ethnique et risque de génocide
La bande de Gaza reste totalement isolée du monde extérieur. Israël refuse le passage sécurisé des camions transportant l’aide humanitaire et l’armée a depuis bombardé à quatre reprises le poste frontière de Rafah avec l’Égypte. C’est le seul point de passage par lequel les marchandises humanitaires peuvent entrer. Sans électricité, sans carburant, sans nourriture, sans internet, sans eau potable, sans médicaments et sans autres fournitures médicales, la vie dans la bande de Gaza est tout simplement impossible. Le blocus total décrété par Israël sur la bande de Gaza conduira à une catastrophe humanitaire.
Francesca Albanese, reporter spécial des Nations unies sur la situation des droits humains en Palestine, avertit que les Palestinien·ne·s courent un grand risque de nettoyage ethnique de masse. « Le risque est grand que nous assistions à une répétition de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, mais à plus grande échelle », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les organisations palestiniennes de défense des droits humains Al-Haq, Al Mezan et le Centre palestinien pour les droits humains appellent la communauté internationale à intervenir d’urgence pour protéger les civils palestinien·ne·s du génocide. Elles soulignent le langage génocidaire de plusieurs dirigeants politiques israéliens et l’intention spécifique de détruire partiellement ou totalement un groupe ethnique, les Palestinien·ne·s. Raz Segal, spécialiste juif de l’Holocauste, qualifie l’attaque brutale d’Israël contre Gaza d’exemple type de génocide se déroulant sous nos yeux.
Complicité
Malgré la violence et l’effusion de sang contre les civils palestiniens, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, les principaux pays européens tels que la France et l’Allemagne, ainsi que les présidentes de la Commission européenne et du Parlement européen continuent de soutenir pleinement Israël. Le monde regarde Israël commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Nous devons mettre fin à la violence et à la complicité dès que possible ! En écho à la société civile palestinienne et à nos partenaires palestiniens AWDA, Bisan Center for Research and Development et Health Work Committees en particulier, nous appelons à :
– l’arrêt immédiat de la violence et des massacres ;
– lever le blocus et permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza ;
– une enquête de l’ONU sur les crimes de guerre commis par toutes les parties afin que leurs auteurs répondent de leurs actes.
L’aide que vous apportez à notre partenaire AWDA reste vitale. Tant qu’il y aura du carburant et des médicaments dans la bande de Gaza, iels pourront continuer à travailler. Veuillez faire un don en cliquant sur le lien suivant :https://vivasalud.koalect.com/fr-FR/p/appel-d-urgence-pour-awda-gaza.
Faites-vous entendre et montrez votre solidarité avec les Palestinien·ne·s lors du grand rassemblement du dimanche 22 octobre à 14 heures sur la place Schuman à Bruxelles : https://www.facebook.com/events/857959058955404.