Maria Sol Taule: “C’est le moment opportun pour lutter pour le droit à la santé”
Maria Sol Taule, avocate des droits humains chez Karapatan, explique les conséquences de la pandémie du coronavirus pour la population aux Philippines. Elle souligne non seulement les victimes de la pandémie elle-même, mais aussi l’augmentation du nombre de victimes de violations des droits humains par des mesures répressives.
Quels sont les principaux effets sur la population de la pandémie corona et de la façon dont les autorités y ont réagi ?
Eh bien, le principal effet de la pandémie aux Philippines, c’est qu’il y a eu un nombre important de cas de Covid-19. D’autant plus que le gouvernement n’a pas de plan clair quant à la façon d’affronter la pandémie. Il n’y pas de testing massif de la population. Par contre, le gouvernement a voté beaucoup de lois qui violent encore d’avantage les droits du peuple. Quant aux effets économiques, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi. Et ceux qui expriment leur désaccord, leur stupéfaction face aux politiques du gouvernement, ceux-là ont été harcelés ou menacés ou encore arrêtés.
Comment votre organisation et les mouvements sociaux en général ont-ils réagi aux mesures prises par les autorités ?
Karapatan et ses organisations membres ont publié des déclarations, surtout lorsque des civils ou des activistes ont été arrêtés ou que des défenseurs des droits humains ont été harcelés ou arrêtés pendant cette pandémie, en raison de leur activité. Karapatan a aussi mobilisé des équipes de réaction rapide qui se sont rendues aux postes de police où des arrestation ont été signalées.
Nous les soutenons et traitons leur cas et surveillons les différentes violations des droits humains au cours de cette pandémie.
Voyez-vous des opportunités pour développer la lutte pour le droit à la santé dans ce contexte, et ce en dépit des mesures prises par les autorités ?
Il y a toujours une possibilité de lutter pour le droit à la santé. En fait, c’est le moment opportun pour le faire parce que le gouvernement n’a cessé de mépriser les droits du personnel en première ligne qui met sa vie au service des malades, privés des services sociaux qui leur sont dûs par le gouvernement. Maintenant que le nombre de cas de Covid-19 augmente, il est plus que temps d’exiger du gouvernement des plans concrets sur la gestion de cette pandémie et d’arrêter de mettre prioritairement en place des mesures qui violent encore plus les droits de la population.