Lettre ouverte : 4 bonnes raisons d’investir dans la coopération au développement

4 bonnes raisons d’investir dans la coopération au développement : une opinion de Be-cause health et de ses organisations membres, à l’occasion du 20e anniversaire de la plateforme

Il y a 20 ans, la plateforme belge pour la santé mondiale, Be-cause health, a vu le jour. Be-cause health réunit des organisations et des experts individuels travaillant dans tous les domaines de la santé mondiale, en Belgique et à l’international, tous unis dans la conviction que la santé est un droit humain fondamental. Aujourd’hui, à l’occasion de notre 20e anniversaire, nous avons de nombreuses raisons d’être fiers. Une grande partie de ce que nous avons accompli en tant qu’acteurs belges, nous l’avons réalisé avec le soutien des autorités belges. Nous sommes donc motivés à poursuivre dans cette voie. C’est pourquoi nous sommes préoccupés par les rumeurs concernant une éventuelle réduction du budget de la coopération au développement.

Tout en reconnaissant les multiples priorités que le gouvernement belge (fédéral) doit équilibrer dans un environnement géopolitique et fiscal difficile, nous souhaitons partager quatre raisons pour lesquelles il est crucial de maintenir et même d’augmenter, la contribution financière de la Belgique à la coopération au développement et à l’aide humanitaire.

1. Une expertise vaste et respectée

Premièrement, la Belgique a développé au cours des dernières décennies une expertise vaste et respectée, notamment dans des domaines tels que la santé publique et l’organisation des soins de santé, la lutte contre les maladies, la santé maternelle et infantile, les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, le renforcement des systèmes de santé et l’aide humanitaire en matière de santé. Cette expertise contribue à renforcer la sécurité sanitaire mondiale et à garantir des réponses robustes face à des menaces telles que les pandémies et autres risques sanitaires transfrontaliers. De plus, l’accent mis par la Belgique sur la promotion de l’équité en matière de santé renforce la justice et l’accès aux soins, notamment pour les populations dans les contextes les plus vulnérables. Dans un monde où les menaces pour la santé sont de plus en plus aggravées par l’urgence climatique, les conflits armés et les populations déplacées, la Belgique joue un rôle clé et respecté pour renforcer la sécurité sanitaire mondiale et l’accès équitable aux soins, grâce à son expertise et son engagement de longue date. Si le choix était fait de réduire le budget de la coopération au développement, la Belgique risquerait de perdre son vaste savoir-faire international en matière de santé mondiale.

2. Rôle pivot dans les efforts mondiaux en matière de santé depuis des décennies

Deuxièmement, la Belgique est à l’avant-garde des efforts mondiaux en matière de santé depuis des décennies, jouant un rôle pivot dans la gouvernance mondiale de la santé depuis le début. La Belgique a été cofondatrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et fut une contributrice clé lors de la création de l’ONUSIDA et du Fonds mondial. Elle continue à fournir un financement de base et flexible important pour soutenir ces organisations. Cet engagement est renforcé par la présence de la Belgique dans de nombreux pays africains à travers des programmes bilatéraux et des ONG, y compris dans des contextes très difficiles. Des institutions telles que l’Institut de Médecine Tropicale (IMT), les universités, les ONG, les mutualités, la coopération bilatérale (Enabel) et le secteur privé ont travaillé en collaboration pour favoriser la recherche et l’innovation, notamment dans des domaines comme la santé publique, l’organisation des soins de santé, le développement de vaccins, la lutte contre les maladies et la promotion de la médecine tropicale. En réduisant les contributions financières, la Belgique serait beaucoup moins en mesure de jouer ce rôle essentiel dans le renforcement des systèmes de santé et l’avancement de solutions mondiales en matière de santé, qui bénéficient à tous.

3. Influence positive sur le bien-être mondial

En outre, la coopération au développement belge se concentre avant tout sur l’accès équitable aux services essentiels tels que la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et la protection sociale. Mais, en plus de ces politiques prioritaires, des domaines tels que l’égalité de genre, le soutien à la société civile et au développement du secteur privé, ainsi que l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, ont également un impact significatif sur la santé des populations à l’échelle mondiale et doivent donc être pris en compte. En adoptant une approche intégrée, la coopération au développement belge s’est révélée essentielle pour favoriser des communautés plus saines et aborder le contexte plus large de la santé. Nous vivons dans un monde interconnecté marqué par des crises multiples, où des défis multiples et interconnectés — tels que la pauvreté, l’absence de protection sociale, l’endettement et la crise climatique (désormais reconnue comme la plus grande menace pour la santé) — se renforcent mutuellement. Aborder ces enjeux collectivement, dans un esprit de solidarité internationale, est essentiel pour le bien-être des communautés à travers le monde, maintenant et à l’avenir. En réduisant les contributions financières, la Belgique serait beaucoup moins en mesure d’avoir un impact positif sur la vie et la santé de millions de personnes dans nos communautés partenaires.

4. Respecter les promesses

Enfin, il est important que les promesses soient tenues, ou du moins faites de bonne foi. Il y a seulement quelques semaines, la Belgique a voté en faveur du Pacte pour l’avenir des Nations Unies à New York, qui réaffirme, entre autres, la promesse des nations plus riches d’« intensifier et respecter [leurs] engagements respectifs en matière d’aide publique au développement, y compris l’engagement de la plupart des pays développés à atteindre l’objectif de 0,7 % du revenu national brut pour l’aide publique au développement ». S’éloigner (davantage) de cet engagement nuirait à la crédibilité de la Belgique et à la crédibilité de tout accord conclu au niveau des Nations Unies.

À la lumière des points susmentionnés, nous exhortons vivement le prochain gouvernement belge à maintenir, voire à augmenter, ses contributions financières à l’aide au développement. En ce moment critique, où les défis et les inégalités en matière de santé mondiale sont plus pressants que jamais, toute réduction du financement pourrait inverser des décennies de progrès et entraîner de graves conséquences pour la santé mondiale et belge.

Continuons de promouvoir la Belgique en tant que leader mondial dans la coopération internationale, et dans le secteur de la santé en particulier, sans compromettre son rôle vital dans la construction d’un monde plus juste, plus sain et plus durable pour les générations actuelles et futures.

Cette Lettre Ouverte a été signée par les organisations suivantes, réunies au sein du réseau Be-cause health :

  • Action Damien, Pascale Barnich, Directrice Générale d’ Action Damien
  • Bluesquare, Nicolas De Borman, CEO & Founder, BlueSquare
  • Child-Help, Mieke Van Poucke, Coordinatrice Child-Help
  • Mutualité Chrétienne (MC), Elise Derroitte, Vice-Présidente de la Mutualité Chrétienne
  • Deutsche Stiftung Weltbevölkerung (DSW), Martín Lasanta Agustín, Advocacy Officer Deutsche Stiftung Weltbevölkerung
  • Ecole de Santé Publique de l’ULB (ESP ULB), Magali Pirson, Présidente de l’Ecole de Santé Publique de l’ULB
  • Enabel, Karel Gyselinck, Coordinateur Enabel (Unit ‘Global Health, Social Protection and Health Rights’)
  • FOS, Annuschka Vandewalle, Secrétaire générale FOS
  • Fracarita, Vanlerberghe Elisa, Directeur ad interim, Fracarita
  • Fraternité Médicale Guinée (FMG), Abdoulaye Sow, Directeur Fraternité Médicale Guinée
  • Friendship Belgium, Représenté par son conseil d’administration, présidé par HRH Princess Esmeralda of Belgium
  • GAMS Belgique, Fabienne Richard, Directrice Executive GAMS Belgique
  • hera, Leen Jille, CEO & Public Health expert hera
  • Handicap International – Humanity & Inclusion, Belgium (HI), Antoine Sepulchre, Managing Director Handicap International – Humanity & Inclusion, Belgium
  • Institut de Médecine Tropicale (IMT), Lut Lynen, Directrice Institut de Médecine Tropicale
  • Louvain Coopération, Jean-Michel Pochet, Directeur Général Louvain Coopération
  • Médecins du Monde, Belgique, Davide Olchini, Directeur Santé Médecins du Monde
  • Médecins sans Vacances, Stefaan Bonte, Directeur Médecins sans Vacances
  • Memisa, Elies Van Belle, Directrice Générale Memisa
  • Maison de solidarité des diabétiques au Congo (MSDC), Futshu Likondja, Coordonnatrice de Maison de solidarité des diabétiques au Congo
  • Quamed, Ed Vreeke, Managing Directeur Quamed
  • Sensoa, Chris Lambrechts, Directeur Sensoa
  • Solidaris, Alain Coheur, Director of European and International Affairs at Solidaris
  • Ugani Prosthetics, Joren Vallaeys, Co-Founder – COO Ugani Prosthetics
  • ULB Cooperation, Félix Vanderstricht, Coordinateur des Opérations, Recherches et Innovations ULB Cooperation
  • UNICHIR, Réginald Moreels, Fondateur & Jan Goossens, Directeur UNICHIR
  • Viva Salud, Fanny Polet, Directrice Viva Salud
  • Be-cause health, Stefaan Van Bastelaere, Président du Comité de Pilotage de Be-cause health, Enabel, Magalie Schotte, Coordinatrice Be-cause health, IMT