Les élections présidentielles en RD Congo vues par notre partenaire Etoile du Sud
La fin de l’année 2023 en République démocratique du Congo a été marquée par des élections présidentielles tumultueuses. Alors que les politiciens se préparaient pour la campagne électorale l’Etoile du Sud (EDS) avait déjà lancé une initiative novatrice de démocratie populaire avec ses Comités Electoraux Populaires (CPP) et sa dynamique des jeunes.
Nous avons demandé à Billy Mwangaza et John Vulume, l’un président et l’autre membre de la dynamique des jeunes de EDS, de nous parler du travail d’Etoile du Sud durant cette période particulière et du regard qu’ils portent sur ces élections.
Pouvez-vous nous dresser en quelques mots le paysage politique lors de la campagne électorale en RDC ?
Billy Mwangaza: La campagne électorale est un temps crucial pour la vie démocratique. C’est une période pour interpeller et proposer des idées aux candidatꞏeꞏs. En République démocratique du Congo, la campagne a été mouvementée. D’un côté, la majorité présidentielle, réunie dans l’Union Sacrée, souhaitait briguer un deuxième mandat, malgré des réalisations antérieures qui n’ont, pour l’heure, pas eu d’impact visible sur la santé de la population. Plusieurs programmes, tels que la gratuité de la maternité et des soins médicaux gratuits pour une partie de la population, avaient été mis en place pour satisfaire les intérêts politiques, à l’approche des élections.
En face, l’opposition politique n’a pas présenté de programme clair, semant ainsi des doutes quant à sa capacité à diriger le pays. Un doute renforcé par des accusations formulées par la majorité sur des affaires de pillage mêlant l’opposition à des groupes armés, endeuillant le pays depuis des décennies.
La période électorale devrait également être une période propice à la réflexion et au dialogue entre la population et les candidatꞏeꞏs sur les changements souhaités. Pouvez-vous nous expliquer comment Etoile du Sud a abordé cette opportunité ?
Billy Mwangaza: L’Étoile du Sud a lancé les “Comités Électoraux Populaires” à travers ses structures de base pour informer la population sur le contrôle citoyen des programmes des candidatꞏeꞏs et sur le vote utile. Par exemple, du 18 novembre au 18 décembre 2023, en plus des activités avec des structures de base, la dynamique des jeunes a lancé un “Programme d’Éducation Électorale Intensive en Vue des Élections “.
Ce programme visait notamment à sensibiliser les membres des églises catholiques et protestantes sur l’importance de se poser les bonnes questions et d’interpeller les candidatꞏeꞏs. Au Nord-Kivu, ce programme a touché 21 communautés de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et à Kinshasa 43 paroisses catholiques. Dans chacune de ces paroisses, un groupe de 5 personnes avait été créé pour élargir la sensibilisation.
Fière de cette sensibilisation, l’Étoile du Sud a voulu contribuer à l’émergence d’une classe politique responsable, capable de travailler pour le bien de la population, pour le droit à la santé et les déterminants sociaux de la santé.
Plusieurs témoignages ont rapporté que le vote s’est déroulé de façon chaotique.
Billy Mwangaza: Le 20 décembre 2023, les élections en République Démocratique du Congo cumulaient les scrutins : présidentiel, national, provincial et local. Les CPP ont été désolés d’apprendre plusieurs violations de la loi électorale notamment sur la durée des élections et l’utilisation des machines à voter au sein de maisons des certains politiciens. La manœuvre permettait aux candidatꞏeꞏs de bourrer les urnes en vue d’obtenir plus des voix. Une pratique antidémocratique grave qu’Etoile du Sud et les militants pour le droit à la santé condamnent.
La CENI a publié les résultats des élections présidentielles, et ceux-ci ont été confirmés par la Cour constitutionnelle, déclarant la victoire de la majorité présidentielle menée par Félix Tshisekedi.
Quel est le sentiment d’Etoile du Sud et ses militants pour le droit à la santé à l’annonce des résultats du scrutin ?
John Vulume : Les militants restent confiants malgré les incertitudes. Une période de surveillance active a commencé juste après les élections pour assurer la mise en œuvre des engagements pris par les élus. Cette période visera à consolider les réalisations du premier mandat, qui a connu quelques actions encourageantes visant à améliorer le système de santé en RDC. Ces actions incluent la réhabilitation de plusieurs hôpitaux, la construction de centres de santé dans 145 territoires dans le cadre du Projet de développement local, l’élaboration du plan national de développement sanitaire, qui vise à renforcer le système de santé pour améliorer la santé et le bien-être des populations les plus vulnérables, souvent touchées par une mortalité élevée. Enfin, la Couverture Santé Universelle (CSU) a été mise en place à Kinshasa, sous forme de projet pilote, comprenant la gratuité de la maternité et des soins pour les nouveau-nés.
Les militants du droit à la santé se posent des questions sur la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle dans d’autres provinces ainsi que de la prise en charge des besoins en soins de santé primaires des autres catégories de la population.
Bien que certains aient contesté les résultats des élections présidentielles en raison de fraudes, les militants du droit à la santé acceptent les résultats pour préserver les acquis, mais restent vigilants et organisent des activités de pression si nécessaire.