Les droits humains comme cadre de référence durant la crise du corona
2020 sera l’année de la pandémie de coronavirus. En un rien de temps, le virus s’est répandu à travers le monde et a mis à l’arrêt des sociétés entières. Selon António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, nous sommes confrontés à la plus importante crise sociale depuis la Seconde Guerre mondiale. Les conséquences pour les droits humains sont énormes. Si nous voulons faire de la lutte contre le coronavirus une réussite, nous devons donc envisager les choses du point de vue des droits humains.
En effet, la pandémie de coronavirus est une histoire de droits humains. Pour faire face à la crise, ces droits ont été mis sous pression à différents niveaux et endroits dans le monde, et en particulier pour les groupes les plus fragiles. Salud, KIYO et Solidagro ont réalisé une vidéo sur l’approche basée sur les droits comme cadre pour une coopération au développement durable. L’approche basée sur les droits nous inspire également dans la lutte contre le coronavirus et ses conséquences sociales, économiques et politiques.
La crise du corona met en évidence des injustices structurelles
Ce point de vue nous aide à voir les racines de l’inégalité. Au lieu de parler des besoins de la population, l’approche basée sur les droits dévoile les injustices structurelles de la crise du corona. Ainsi, comme peut-on vivre la quarantaine et les mesures d’hygiène quand on vit à sept dans une seule pièce ? Ou lorsqu’on doit partager des toilettes dans un camp de réfugiés avec des dizaines d’autres personnes ?
Près de 40% de la population mondiale n’a pas d’accès à de l’eau courante ou du savon. Plus de 60% des travailleurs ont un emploi dans l’économie informelle et ne peuvent pas prétendre à un revenu de remplacement en cas de perte d’emploi. Les petits paysans souffrent d’une perte de revenus car ils ne pourront pas aller vendre leurs récoltes au marché. Ce n’est pas une société résiliente que le coronavirus a touchée, c’est une société où les droits d’une grande partie de la population ne sont pas respectés. Ainsi, l’impact des risques sanitaires et les mesures répressives pour limiter ces risques est encore plus important pour les plus vulnérables. A côté d’une crise sanitaire aiguë, beaucoup de pays connaissent également des crises alimentaires et économiques.
La responsabilité des États
En regardant la situation à travers l’approche basée sur les droits, nous identifions les acteurs qui portent la responsabilité de défendre, protéger et réaliser nos droits. Si nous reconnaissons que quelqu’un dispose d’un droit, les détenteurs de droits, nous reconnaissons de fait que quelqu’un d’autre a un devoir, les porteurs de devoirs. La crise du corona a montré que les principaux porteurs de devoirs sont les autorités. Elles sont garantes des droits de la population et peuvent décider de limiter temporairement les droits et libertés fondamentales en période de crise.
Afin de prévenir un effondrement du système sanitaire, différents États ont déclaré l’état d’urgence et ont introduit des mesures contraignantes. Des milliards de personnes ont été placées en quarantaine d’une façon ou d’une autre, les rassemblements ont été interdits et les frontières nationales ont été fermées. Bien que le droit international permette de telles restrictions, les États s’étaient engagés en signant les traités internationaux des droits humains à ce que ces restrictions soient limitées et temporaires.
Le changement par le bas
Enfin, l’approche basée sur les droits met la population au centre. C’est une approche qui part du potentiel des gens à se renforcer afin de réaliser leurs droits et de surmonter leur dépendance éventuelle d’une aide en s’organisant. Les citoyens deviennent des acteurs de changement plutôt que des victimes passives. Dans différents pays comme au Brésil, en Palestine ou Congo par exemple, les jeunes font du porte-à-porte pour distribuer des kits de matériel hygiénique pour lutter contre la propagation du virus.
Aussi dans d’autres endroits, les citoyens ont pris leur sort en main et sont descendus dans la rue pour demander des changements afin que leurs droits soient respectés. La mort de George Floyd a suscité un mouvement mondial contre les violences policières et le racisme structurel. Au Liban, la population proteste depuis des mois contre la corruption du gouvernement et pour une justice sociale. Et aux Philippines, des mouvements sociaux s’organisent contre les mesures répressives du président Duterte.
Ce n’est que lorsque les gens s’unissent et défendent leurs droits, qu’ils peuvent les faire respecter et que des changements structurels sont possibles.