L’austérité et la commercialisation fragilisent nos systèmes de santé. Des remèdes existent !
Le 7 avril est la journée mondiale de la santé. Cette année, la crise sanitaire liée au coronavirus est l’occasion, pour la Plateforme d’action Santé et Solidarité, de mettre en lumière les problèmes structurels vécus par les professionnels de la santé et les patients, et de poser cette question politique : quel système de santé voulons-nous pour demain ?
Les coupes budgétaires appliquées au secteur de la santé et du bien-être ont pris un tournant particulièrement sévère ces dernières années. Les gouvernements successifs ont décidé d’abaisser la norme de croissance annuelle à ne pas dépasser pour les dépenses de soins de santé de 4,5% sous le gouvernement Verhofstadt, à 3% sous le gouvernement Di Rupo, puis 1,5% sous le gouvernement Michel. Si l’on additionne à cela les économies nettes réalisées en parallèle, on obtient une réduction budgétaire de 3 milliards d’euros dans les soins de santé en 5 ans.
Les professionnels de la santé dénoncent le manque de moyens humains et financiers ainsi qu’une gestion du secteur focalisée à l’excès sur des objectifs budgétaires au détriment de la mission de soins. Le nombre de mouvements, de manifestations voire de grèves au cours de ces derniers mois en témoigne largement. Il faut bien mesurer aussi que la santé dépend considérablement de nos modes de vie collectifs, de nos conditions de travail, de notre environnement, de notre logement. Autant de déterminants sociaux, par ailleurs très influencés par les inégalités sociales et les inégalités de genre notamment.
La vision libérale européenne nuit à la santé
Si le constat qui précède est semblable dans tous les pays d’Europe, c’est parce que ceux-ci sont soumis à la même influence de la doctrine néo-libérale et à la primauté des objectifs économiques, ce qui s’incarne notamment dans les deux mécanismes suivants :
1. Le semestre européen vise à contrôler le strict respect de la discipline budgétaire des États. Un État qui s’écarte du chemin budgétaire tracé est amené à devoir couper dans ses dépenses, notamment en soins de santé. Un secteur qui, pourtant, relève de la compétence exclusive des États membres.
2. Les règles comptables européennes (SEC2010) interdisent désormais aux administrations publiques (hôpitaux inclus) d’étaler le remboursement d’un emprunt dans le temps. Ceci plombe les finances des États et les empêche de réaliser de nouveaux investissements publics dont la santé devrait bénéficier.
Ajoutons à cela le dumping social ainsi que l’évasion et la concurrence fiscales pratiqués en Europe, et on obtient la recette européenne de la commercialisation de la santé :
1. assécher les budgets (austérité, évasion et concurrence fiscales) ;
2. empêcher les investissements publics (SEC2010) ;
3. laisser les opérateurs commerciaux pénétrer le « marché » de la santé au nom de la sacro-sainte « libre concurrence ».
Le Covid-19, révélateur de la dérive des politiques de santé !
Le coronavirus contribuera-t-il à éveiller l’opinion publique et à forcer un changement profond dans la hiérarchie de nos valeurs et de nos priorités politiques ? Le réseau que nous représentons exige une rupture claire avec l’austérité et la commercialisation de la santé. Il réclame une vraie politique de santé publique avec une vision à long terme.
À cette fin, nous appelons les décideurs politiques belges et européens à créer un système européen de « santé publique » solide grâce à un financement adéquat, solidaire, de qualité et accessible à toute la population. Ce système doit être financé par des ressources publiques pour fournir une réponse globale et universelle aux besoins de santé. Il doit également être fondé sur la solidarité au sein de la population et entre les pays européens, plutôt que sur les intérêts privés d’actionnaires ou de prestataires avec un but lucratif.
En outre, nous demandons aux États européens d’adopter une stratégie plus résolue pour négocier les prix des nouveaux médicaments et équipements médicaux. La recherche doit également être davantage financée par le secteur public, ce qui permettrait de limiter les droits des brevets et de réduire le prix des spécialités pharmaceutiques.
L’UE doit devenir une véritable entité politique chargée d’organiser davantage qu’aujourd’hui la solidarité sociale et la coopération entre les Etats membres, notamment face aux crises sanitaires.
Action 7 avril
Le 7 avril, journée mondiale de la santé, nous appelons les professionnels de la santé, les associations… mais aussi toute la population à se mobiliser à l’occasion de la Journée d’action contre la commercialisation de la santé.
Toute concentration étant impossible cette année, ce mardi 7 avril 2020 sera une action « drap blanc » ! De quoi s’agit-il ?
1. Accrochez vos messages sur un drap blanc dans un endroit visible ou faites une pancarte à la maison.
2. Prenez-vous en photo avec vos messages.
3. Partagez-les :
– sur les réseaux sociaux avec le hashtag #health4all et/ou #santépourtous et adressez-le à vos responsables politiques
– sur la carte interactive ici bit.ly/Agir4Health
Applaudir ? Oui ! Laisser couper dans les dépenses ? NON !
Carte blanche de la Plate-forme d’action Santé et Solidarité, une initiative des deux grands syndicats, divers réseaux et associations, des ONG et des représentants d’universités.
Membres : Africa Faith And Justice Network (antenne belge), Artsen Zonder Vakantie – Médecins Sans Vacances, Atelier santé de Charleroi, Attac Bruxelles 2, Autisme en Action, Belgian Anti-Poverty Network (BAPN), Centre Bruxellois de Coordination Sociopolitique, Centre Bruxellois de Promotion de la santé, Centre de Défense et d’actions pour la santé des travailleurs – C-DAST, Centrale Générale FGTB – Algemene Centrale ABVV, Centrale Nationale des Employés (CNE), Centrale Générale Services Publics BXL ALR/ CGSP Brussel LRB, Centre Tricontinental, CSC Services Publics, Cultures & Santé, Dentisterie sociale, Ella vzw (Kenniscentrum gender en etniciteit), Famille Du Monde, Fédération Générale du Travail de Belgique – Algemeen Belgisch Vakverbond, Fédération des Maisons Médicales, Fédération des Associations Sociales et de Santé, Fédération des Services Sociaux, Femmes et Santé, Fonds Social Intersectoriel Bruxellois, Free Clinic, GAMP, Geneeskunde voor het Volk – Medecine pour le Peuple, Inforautisme asbl, Landelijke Bediendencentrale – Nationaal Verbond voor Kaderleden (PULS), Le Monde Selon les Femmes, Les Pissenlits, Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS), Links Ecologisch Forum – Forum Gauche Ecologie (LEF-FGE), Médecin du Monde – Dokters van de Wereld, Memisa, Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC), Pour la Solidarité, Projet Lama Asbl, Santé Communauté Participation, SOLENTRA, Syndicat des Employés, Techniciens et Cadres – Bond van Bedienden Technici en Kaderleden (SETCA-BBTK), Théâtre du Copion, Union Nationale des Mutualités Socialistes, Vereniging Wijkgezondheidscentra (VWGC), Viva Salud, Christian Darras, Françoise Mambourg, Isabelle Heymans, Jacques Morel, Jean-Marie Leonard, Jean-Pierre Unger, Julie Maenaut, Louis Ferrant