Hanne a signé. Vous aussi ?
Hanne Bosselaers est médecin chez Médecine pour le Peuple à Molenbeek. En 2021-2013, elle a fait 4 mois de bénévolat à l’Union of Health Work Committees, le partenaire de Viva Salud à Gaza. Nous lui avons demandé comment se déroule la campagne de vaccination en Palestine et pourquoi elle soutient l’initiative citoyenne européenne “Pas de profit sur la pandémie”.
Comment se déroule la campagne de vaccination en Palestine ?
“Gaza étant sous blocus, il est déjà très difficile de trouver des médicaments de base, alors organiser une campagne de vaccination, ça me semble vraiment difficile. Il faut une chaîne du froid, avec des frigos qui fonctionnent, avec la certitude que l’électricité ne sera pas coupée, parce que sinon, les vaccins ne pourront être conservés à la bonne température et il y aura une perte de qualité. Je pense qu’il faudra un énorme tour de force pour lancer une campagne de vaccination efficace pour y recevoir les vaccins.
Ce ne sera pas faute de volontaires, il y en a suffisamment. Et on trouvera certainement des gens pour vacciner. Les Palestiniens sont toujours prêts à aider leur prochain, je ne me fais donc pas de soucis à ce sujet, mais la logistique pour la vaccination sera très lourde et nous avons aussi là une population très fragile confrontée à beaucoup de problèmes mentaux et de santé. Ce sera donc très difficile de persuader les gens à se laisser vacciner. Et en plus, il faut qu’il y ait assez de vaccins de qualité suffisante. Les défis sont donc très nombreux.”
La levée des brevets sur les vaccins contre la corona serait-elle utile ?
“La levée du brevet sur le vaccin covid est très importante pour les Palestiniens, mais aussi pour tous les autres citoyens du monde. Car sans une production importante qui réponde à toutes les capacités de production, on ne pourra jamais produire suffisamment de vaccins. Tant que le vaccin reste entre les mains de quelques multinationales pharmaceutiques, la production sera trop lente, et les Palestiniens ne sont certainement pas les premiers dans la file pour pouvoir acheter de grandes quantités de vaccins avec leur petit budget et tous les problèmes logistiques causés par l’occupation. Et donc oui, pour que les Palestiniens puissent être vaccinés, il est indispensable de casser le brevet.
On l’a vu, Israël a vacciné très rapidement et en grand nombre ses citoyens israéliens, mais les Palestiniens n’ont pas pu en profiter. Il n’y a pas seulement un mur physique, il y a aussi un grand mur sanitaire entre les deux parties d’un même pays. Et donc il faut absolument que les brevets soient levés, afin que des pays comme la Palestine aient eux aussi accès au vaccin.”
“Voilà pourquoi je soutiens l’initiative citoyenne européenne pour un vaccin pour tous. Et vous aussi ?”
Entretien et vidéo : Logan Danhier