Ce que les partenaires palestiniens et philippins apprennent mutuellement par rapport au droit à la santé
En avril, nous avons organisé avec Solidagro et KIYO une rencontre de partenaires à Manille, pour une évaluation d’un programme commun. C’était une opportunité pour inviter également trois représentants de nos partenaires palestiniens. Cela a permis de créer une atmosphère de solidarité et d’apprentissage et cela a rendu la semaine extrêmement enrichissante pour tous et toutes.
« Vous luttez depuis tellement d’années et cela dans le silence le plus total au niveau international », Ubai (Palestine) à propos des partenaires philippins
De la surprise à l’indignation en passant par le respect et l’admiration
Il était étonnant de voir à quel point nos partenaires philippins et palestiniens ignoraient tout de la situation dans laquelle l’autre travaillait et luttait. Les partenaires philippins savaient évidemment que les Palestiniens vivaient sous occupation, mais ils ne pouvaient pas imaginer à quel point les conséquences pour la santé des Palestiniens étaient importantes. Le documentaire « Exit denied » qui traite du refus de documents de visa médical par les autorités israéliennes pour les personnes de Gaza devant se faire soigner hors de la bande de Gaza a provoqué beaucoup d’indignation parmi les Philippins.
Nos partenaires palestiniens n’avaient, de leur côté, aucune idée des innombrables violations des droits humains qui existent aux Philippines. La longue lutte des mouvements sociaux philippins pour plus de justice sociale a forcé le respect des Palestiniens. « Vous luttez depuis tellement d’années et cela dans le silence le plus total au niveau international », a réagi Ubai, surpris et admiratif après avoir écouté les partenaires philippins présenter la situation de leur pays.
Le silence mortel qui entoure les violations des droits humains est une triste réalité contre laquelle nous luttons en facilitant la participation de nos partenaires et de leurs réseaux à des fora internationaux.
Des rencontres fortes et enrichissantes avec des activistes des droits humains
Nos partenaires ont également pu vivre d’intéressantes rencontres pendant leur séjour. La première rencontre a été celle de Charles, président du syndicat des infirmiers à l’hôpital orthopédique public de Manille. Il a pu raconter la lutte victorieuse contre les volontés de privatisation de l’hôpital en 2014. La recette de cette victoire ? « Il faut adapter ses stratégies selon les objectifs visés », explique-t-il. « Pour cela, tu dois bien connaitre le soutien de qui tu as besoin et sur qui tu peux compter pour gagner ta lutte. Nous avons réussi car nous avions le soutien des patients et de leurs proches, des journalistes, d’autres hôpitaux, de l’Église mais aussi d’organisations internationales qui ont été solidaires avec notre lutte. Sans tout cela, nous n’aurions pas eu de rapport de force suffisamment fort ».
Nos partenaires palestiniens ont parlé également avec des victimes de violations des droits humains. Hanan a été particulièrement touchée par le témoignage d’une maman. Sa fille a disparu en 2006, probablement assassinée mais son corps n’a jamais été retrouvé. « C’est quelque chose qui n’existe pas en Palestine. Nous sommes arrêtés, emprisonnés sans procès, nous ne pouvons pas voir nos proches mais au moins nous savons qu’ils vivent et eux savent que nous sommes vivants également. J’ai eu le cœur brisé en écoutant l’histoire de la maman de Sherlyn ».
Une autre rencontre passionnante a été celle avec des prisonniers politiques avec qui les Palestiniens ont une discussion très animée sur la manière dont les Palestiniens s’organisaient dans les prisons, comment ils pouvaient poursuivre leurs études et comment les prisonniers pouvaient mieux organiser et représenter les prisonniers, comment ils pouvaient se porter assistance, …
Enfin, les partenaires ont pu aller à la rencontre de paysans en lutte pour une meilleure et juste redistribution des terres agricoles. En effet, certains propriétaires terriens possèdent des centaines d’hectares et les fermiers qui travaillent la terre n’ont pas accès au fruit de leur dur labeur et encore moins un mot à dire sur le type de récolte. Certains ont donc décidé de se regrouper et d’occuper les terres tout en poursuivant un processus légal pour avoir gain de cause et obtenir un lopin de terre.
Une solidarité qui continue au-delà de la rencontre
Avant le départ des Palestiniens, les partenaires philippins ont pris une photo de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens alors en plein mouvement de grève de la faim en Palestine. Ils ont depuis mené plusieurs réunions pour savoir comment mieux renforcer les liens de solidarité entre les deux pays.
Les partenaires philippins ont mené un atelier sur la situation aux Philippines et comment mieux soutenir le mouvement social philippin face aux menaces dont les défenseurs des droits humains sont l’objet.
La solidarité internationale est un aspect important de la lutte pour le respect des droits de tous. Nous ne pouvons garder nos luttes isolées car elles prennent racines dans des inégalités et injustices similaires, peu importe l’endroit du globe où elles s’installent.
Long live international solidarity !