Activisme de santé au Congo: 3×3
Pourquoi Billy, Roger et Sylvie sont-ils devenus activistes de la santé chez notre organisation partenaire Etoile du Sud? Qui les a inspiré et comment leur vie a-t-elle changé depuis qu’ils sont activistes?
Nous avons posé trois questions à Billy (31 ans et président de la dynamique des jeunes), Roger (35 ans et aide-comptable) et Sylvie (45 ans et présidente du Conseil d’Administration).
Qui t’a donné l’idée de devenir activiste de la santé?
Roger: “J’ai tout d’abord été actif chez Filimbi, un groupe de jeunes qui luttait pour le changement dans tout le continent africain. Malheureusement, suite à une modification de la vision de l’organisation, je ne m’y suis plus senti à ma place. Je suis un fervent lecteur et Billy de EDS m’avait expliqué que je pouvais emprunter gratuitement des livres dans leur bibliothèque. J’y ai découvert la lutte pour le droit à la santé et l’intérêt ne m’a plus jamais quitté. Lorsque j’ai participé à la conférence de l’EDS, le coordinateur m’a repéré. Nous avons parlé politique et santé. En 2014, il m’a demandé si je voulais devenir son assistant personnel, j’ai accepté”
Billy: “Un ami m’a convaincu de participer aux réunions d’une section d’EDS à Barumbu, chez “Maman Henriette”. Lors de la deuxième réunion, avec la présidente de la section locale d’EDS, nous avons parlé du problème d’électricité dans ma rue. Et je lui ai promis sans plus attendre de mettre mes nouvelles connaissances en pratique.”
Sylvie: “En tant que collaboratrice à la rédaction du journal l’Observateur, j’écrivais des rapports sur des activités autour de la culture et du développement. C’est ainsi qu’en 2009, j’ai découvert EDS à l’occasion d’une de leurs activités publiques. Les bénévoles des comités populaires pour la santé m’ont parlé des difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain. Les animateurs d’EDS nous ont proposé de collaborer avec les autorités et les dirigeants locaux pour résoudre nos problèmes. J’ai été fort impressionée par leur approche et j’ai continué à suivre leurs activités. Après un certain temps, un coordinateur m’a demandé de travailler à temps partiel pour EDS en tant que collaboratrice pour la communication.”
A quel moment t’es-tu rendu compte que tu pouvais jouer un rôle dans la lutte pour le droit à la santé?
Roger: “Lorsque j’ai déménagé pour mon
appartement actuel, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas la moindre
poubelle dans aucun des 14 (!) appartements. Tout le monde jettait
ses immondices dans la rue, devant le portique d’entrée. J’ai
commencé par sensibiliser mes voisins aux problèmes d’hygiène liés
auximmondices qui traînaient partout mais ils n’entendaient pas mon
message. Un jour, un enfant qui jouait devant notre entrée a
commencé à manger les immondices. Il est devenu très malade.
Subitement, tout le monde m’écoutait. Le propriétaire a obligé
tout le monde à mettre ses immondices dans une poubelle. Nous avons
organisé un système de collecte pour lequel chaque habitant payait
sa part.
Je remarquais que je pouvais avoir un impact positif
sur mon voisinage et depuis, j’ai continué à développer mon
engagement dans ma rue et ensuite dans tout mon quartier.”
Billy: “J’ai découvert que le câble électrique qui devait apporter du courant dans ma rue était défectueux. Pas très sécurisé, donc. Mes connaissances tout juste acquises au sujet de l’empowerment m’ont fait comprendre que j’étais moi aussi responsable de mes conditions de vie. J’ai réuni quelques jeunes de ma rue et nous avons discuté de quelle façon nous pourrions résoudre ce problème. Nous avons écrit une lettre à la société nationale d’électricité, au Parlement national et au Ministère de l’Energie. Des responsables locaux ont signé la lettre, ainsi que la présidente de notre comité populaire de la santé et nous-mêmes. Une semaine plus tard, tôt le matin, nous avons tout à coup vu des travailleurs de la société d’électricité livrer un nouveau câble. De peur qu’il ne soit volé, nous les avons aidés à enterrer le câble au plus vite.”
Sylvie: “En tant que collaboratrice d’EDS, je me rendais régulièrement sur le terrain pour mieux connaître leurs réalisations et le contexte. J’étais fascinée par les nombreux bénévoles qui s’investissent de façon désintéressée pour leur communauté. Ils luttent contre l’érosion, contre la sous-alimentation chez les enfants, contre le manque d’hygiène des conditions de vie. A l’époque, je travaillais encore à part-temps pour le journal et je parlais de plus en plus d’EDS à mes collègues. J’y ai lancé mes propres campagnes pour la santé et j’ai même reçu le surnom de “Maman Bopeto”, d’après les ramasseurs de déchets porte-à-porte. Combiner mes deux fonctions devenait trop lourd, j’ai donc fini par opter pour une fonction à temps-plein chez EDS.”
En quoi ta vie a-t-elle changé depuis que tu es devenue activiste de la santé?
Roger: “Lors de mes études en relations internationales, je voulais devenir diplomate en Ouganda. J’y avais fait un stage à l’ambassade congolaise. Maintenant, je travaille comme assistant-comptable chez EDS. Ma vie a donc pris une toute autre direction. Grâce à des formations chez EDS, je sais maintenant comment aborder des problèmes concrets dans mon quartier et à qui je dois m’adresser pour obtenir des changements concrets. Je constate que mon engagement a un résultat permanent et j’en suis fier !”
Billy: Après notre action pour une électricité plus sûre, nous avons fondé, moi et d’autres jeunes, un comité de rue pour s’occuper de nos problèmes. Tout le quartier est à présent au courant de cette initiative. Hommes et femmes, adultes et enfants, tous participent à nos actions de solidarité. Entretemps j’ai fait de mon engagement mon métier et je suis président du mouvement de jeunes de l’EDS.”
Sylvie: “Déjà à la rédaction à l’Observateur, je m’occupais de questions relatives au développement. Mais ce n’est qu’en découvrant Etoile du Sud que j’ai pu réellement constater l’impact positif de l’activisme pour la santé. Je ne regrette pas un instant ma décision de m’engager pour EDS.”
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